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Méthodologie Empreinte

L'empreinte écologique : Hypothèses et méthodologies de calcul
 
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L'empreinte écologique permet de mesurer la pression qu’exerce l’homme sur la planète, et ainsi de dresser un bilan écologique en comparant la demande et l’offre en ressources naturelles renouvelables.

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Offre et demande : un bilan écologique


La demande est calculée sous la forme de la somme des surfaces terrestres et aquatiques biologiquement productives qui sont nécessaire à la production des ressources consommées et à l'assimilation des déchets produits par l'homme, dans les conditions de gestion et d'exploitation de l'année considérée.

L’offre correspond donc à la capacité des écosystèmes de fournir ces ressources dans la limite de leur capacité de régénération. La biocapacité totale est déterminée à partir de six types d’usage des sols.

Une unité de mesure parlante : les hectares globaux


Une telle comptabilité des ressources biophysiques est possible parce que les flux de ressources et de déchets peuvent être mesurés, et que la plupart de ces flux peuvent être associés aux surfaces biologiquement productives nécessaires pour les maintenir. Puisque les gens utilisent des ressources provenant de partout sur la planète et polluent des lieux lointains avec leurs déchets, l’empreinte écologique inclut les surfaces correspondantes où qu’elles soient situées sur la planète.

Afin de pouvoir comparer directement l’empreinte écologique de l’humanité et la biocapacité de la planète, ainsi que pour permettre d’additionner les surfaces entre elles, la méthode a recours à une unité de mesure commune : les hectares globaux. Les différents types de surface ont en effet des bioproductivités variables : un hectare de terre arable produira en une année plus de biomasse qu’un hectare de pâturage.


Les catégories de surfaces bioproductives


  • Les terres cultivées : surfaces de terres propres à l’agriculture nécessaires aux récoltes, dont celles nécessaires à l’alimentation des animaux d’élevage.
  • Les pâturages : surface de prairies permanentes employées pour la production de produits laitiers, de viande, de laine et de cuir issu du bétail.
  • Les forêts : surface forestière requise pour élaborer les produits forestiers consommés par une population : sciure, panneaux en bois ou en fibres agglomérées, pâte à papier, papier et carton.
  • Les zones de pêche : surface de plateaux continentaux et d’eaux intérieures utilisés pour la production des poissons et les fruits de mer consommés par une population.
  • Les sols énergétiques : surface de forêts qui devraient être employées pour capter le CO2 provenant de la combustion d’énergies fossiles en quantité suffisante pour éviter une augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère, après déduction de la part des émissions anthropiques absorbée par les océans (environ 30 %).
  • Les terrains construits : superficie totale de tout l’environnement construit qui est utilisé pour le logement, le travail et le déplacement d’une population, ainsi que les terres qui ont été rendues impropres à la culture.



Afin d’être exprimables en hectares globaux, les surfaces correspondant à chaque type d'utilisation sont donc multipliées par un facteur d'équivalence. Pour cela, on détermine d’abord les indices de rendement agricole de chaque grand type de surface, grâce aux statistiques d’organismes tels que la FAO. Dans le cas de la pêche, cet indice de rendement agricole est déterminé en comparant la capacité des surfaces maritimes à produire des protéines animales à celle du pâturage. Le facteur d'équivalence de chaque type de surface est ensuite calculé en divisant son indice propre par l'indice mondial moyen. Les facteurs d’équivalence sont réactualisés tous les ans, à cause du changement constant de la bioproductivité des sols.

Les méthodologies de calcul


L’empreinte écologique évalue le métabolisme d’un système, c'est-à-dire qu’elle quantifie l’ensemble des flux de matières et d’énergie qui entrent et qui sortent d’un système, qu’il s’agisse d’un pays, d’une collectivité ou d’une entreprise, et les pondère en fonction de leurs impacts respectifs. Pour que l’outil soit applicable à ces différentes échelles, plusieurs méthodologies ont été développées, dont notamment :

  • L’approche ‘compound’

Cette méthode ‘macro’ a été élaborée pour calculer les empreintes nationales. Elle se base sur les systèmes nationaux de comptabilité des ressources, et utilise une approche de calcul ‘top-down’, consistant à déterminer la consommation apparente du pays considéré à partir des statistiques nationales, puis à calculer la superficie appropriée pour cette consommation en fonction de la moyenne annuelle de rendement des sols requis. L’empreinte per capita moyenne est obtenue en divisant l’empreinte de la nation par sa population.

  • L’approche ‘component’

Cette méthode ‘micro’, s’inspire de la précédente pour calculer l’empreinte d’une organisation. La principale différence de cette méthode est l’approche ‘bottom up’, qui se base sur une analyse plus précise des flux entrants et sortants, et nécessite de recourir à des données plus ‘locales’. Pour les entreprises et les collectivités, le calcul de l’empreinte écologique est généralement couplé avec une Analyse des flux de Matières (Material Flow Analysis MFA) et des résultats d’Analyses de Cycle de Vie.

  • L’approche ‘input-output’

Pour les régions et les communautés où les données sont disponibles, une alternative consiste à se baser sur les bilans des flux monétaires du territoire (Supply and Use Tables SUT) et sur les données des achats des ménages pour obtenir une empreinte par catégorie de demande finale. On peut ainsi identifier les schémas de consommation de différentes catégories socio-professionnelles et utiliser plus facilement les outils de l’analyse économique pour élaborer des scénarios.



Plus d’informations sur la méthodologie derrière ces comptes d’empreinte écologique et des exemples sur la façon d’utiliser ceux-ci pour avancer vers la durabilité, peuvent être trouvés sur le site du Global Footprint network ou sur le wiki dédié à cet effet : http://ee.angenius.org



Regard critique sur l’outil


CO2 et nucléaire


Il existe plusieurs méthodes pour convertir la consommation d’énergie fossile, de loin la forme d’énergie la plus utilisée, en superficie équivalente. La méthode retenue est celle qui donne les résultats les plus bas. Elle consiste à calculer la superficie forestière nécessaire à l’absorption du dioxyde de carbone émis par la combustion des combustibles fossiles, tout en excluant la proportion qui est absorbée par les océans. Le taux de séquestration moyen des forêts est de 1,24 tC/ha/an (données de 1999). Suivant l’intensité en carbone des formes d’énergie fossiles (par exemple 0,026 tC/GJ pour le charbon), on détermine les rations sols/énergie de celles-ci (ici 47,7 GJ/ha/an pour le charbon).
La surface équivalente de l’énergie nucléaire est pour sa part comptabilisée comme égale, par unité d’énergie, à celle de l’énergie fossile. C’est la solution qui a été pour l’instant retenue par défaut pour refléter la non durabilité de ce mode de production d’énergie, sinon très peu émetteur de CO2.

Un outil simple, encore imparfait


Outre la question de l’énergie nucléaire, l’empreinte écologique comporte pour le moment certaines lacunes, comme l’absence de prise en compte des pollutions locales, et repose sur des choix méthodologiques qui ne font pas toujours l’unanimité. Notons que ce sont systématiquement les hypothèses les plus basses qui sont retenues quand une donnée est incertaine ou que plusieurs approches sont possibles pour un calcul.

Le but n’est en effet pas d’élaborer l’outil le plus parfait possible, mais de montrer que même en sous-estimant l’ampleur du désastre, nous avons amplement dépassé les limites écologiques de la planète. La réalité ne peut être que pire…
L’empreinte écologique n’a pas vocation à être un indicateur ‘universel’, qui permettrait d’agréger en un seul chiffre l’ensemble des problématiques environnementales, sans parler de celles du développement durable... L’empreinte écologique se veut au contraire un outil de démocratie participative, permettent de rassembler en amont l’ensemble des acteurs de la société autour d’enjeux communs et d’identifier les grands objectifs. Il n’est cependant pas suffisant seul, et il est généralement nécessaire d’utiliser des méthodologies plus rigoureuses (ACV, Bilan Carbone…) pour caractériser plus précisément un problème spécifique.


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